L’art et la matière
Bien choisir la fibre de son vêtement

La fabrication d’un habit nécessite l’usage de matières premières, c’est le premier maillon de la chaîne de confection. Pour les produire, nous cultivons des plantes, élevons des animaux, ou ayons recours à des procédés chimiques.

La production de la fibre textile joue un rôle non-négligeable dans l’impact environnemental de la pièce que vous porterez, certaines matières ont un coût écologique, humain, ou animal plus élevé que d’autres.

Pourtant, il n’est pas toujours simple de s’y retrouver dans la jungle des textiles… Quand on se penche sur le sujet, on peut vite s’y perdre : entre les labels bidons, ceux qui ne le sont pas, et les nouvelles matières au nom imprononçable, il y a de quoi avoir la tête qui tourne. Explications.

Il y a deux grands types de matières premières textiles : les matières naturelles et les matières artificielles.

Jusque-là, c’est simple. Basique. Là où ça devient un peu moins intuitif, c’est lorsque l’on prend en considération les modes de production de ces matières : les fibres naturelles ne sont pas toutes à privilégier, et les matières artificielles ne sont pas toutes à évincer.

Les matières naturelles végétales

Le coton conventionnel : à éviter

Le coton a bonne réputation pour la qualité de sa fibre.

Mais sa culture est très gourmande en eau et en pesticides, ravage les sols et assèche les cours d’eau.

De plus, sa culture se fait principalement dans des pays comme l’Ouzbékistan où la production de coton est une affaire d’Etat : travail forcé des fonctionnaires, de répressions violentes, et autres intimidations étatiques.

 

Les matières naturelles

Derrière cette appellation, on retrouve les matières naturelles végétales (coton, lin, bambou, etc), et les matières naturelles animales (fourrure, cuir, laines, soie).

Ces fibres textiles naturelles bénéficient d’une bonne image, et sont très utilisées par l’industrie de la mode et du textile : 26% des vêtements produits dans le monde sont en coton, et 11% sont en lin, soie ou laine.

Le coton bio ou recyclé : à privilégier

Préférez le coton biologique, car cultivé dans le respect de la plante et de la terre, ou le coton recyclé. Attention cependant aux labels, car certains ont des noms volontairement trompeurs.

Le lin : à privilégier

Sa culture nécessite peu d’eau, sa transformation produit peu de déchets, et le tissu obtenu est doux et léger. C’est une plante adaptée à nos latitudes, la France est leader mondial de la production de lin.

Le chanvre : à privilégier

Sa fibre est très résistante et la moins polluante des fibres végétales : sa culture  entretient les sols et absorbe beaucoup de CO2, et pour ne rien gâcher, la France est leader européen de sa production.

Les matières naturelles animales

Qu’on se le dise, chez OWCA on ne vous recommandera pas de matières animales.

« Mais on ne tue pas les moutons pour leur laine », « La vache est déjà morte, autant utiliser son cuir » me direz-vous.

Oui, mais non. Vous vous en doutez, la réalité est un peu plus compliquée puisque les fibres d’origine animale posent le problème éthique des conditions d’élevage. Si vous n’êtes pas encore prêtes à devenir complètement végane mais que vous êtes sensibles aux questions de la souffrance animale, voici quelques conseils pour vous aider à mieux choisir.

Ce sont des millions d’animaux que l’on élève pour leur fourrure, principalement des renards, des ratons laveurs, ou des visons.

Ils sont entassés dans des cages, loin de leur habitat. Leurs conditions de vie (petits espaces, sous-alimentés, obscurité quasi-permanente, etc.) les exposent à des souffrances physiques et psychologiques : membres mutilés par les grillages, plaies à vif, infections, automutilations… Super ambiance.

Pour ne pas participer à ce carnage, on bannit les manteaux en fourrures, mais aussi capuches avec liseré ou bonnets à pompon en vraie fourrure.

Le cuir : Le cuir est un sous-produit de l’industrie de la viande, et pose donc les mêmes problèmes : conditions de vie et abatage des animaux, et impact environnemental. C’est une matière à éviter, on lui préfère les cuirs végétaux, ou de seconde main.

La soie : Le fil de soie provient du cocon d’une chenille, c’est donc aussi une fibre animale. Pour récupérer la matière sans l’abîmer, on ébouillante les cocons, tuant au passage la chrysalide qu’ils contiennent.

La laine : A priori, la tonte ne fait pas de mal physique aux animaux, même si elle reste un facteur de stress pour eux.

Le problème, c’est que ces bêtes sont souvent élevées dans des conditions déplorables : cages, castrations à vif, écornage, mulesing, arrachage des poils.

Les normes d’élevage sont bien plus strictes en matière de bien-être animal en France et en Europe qu’en Australie ou en Chine, premiers producteurs mondiaux de laine. Dans le doute, favorisez donc une fibre locale.

Les fibres artificielles issues de procédés chimiques 

Certaines fibres sont fabriquées à partir de matières premières naturelles comme la cellulose de bois, en utilisant des procédés chimiques. Si elles sont plus soutenables que les fibres synthétiques, elles ont tout de même un certain impact écologique réel : les cultures intenses engendrés épuisent les sols et réduit leur fertilité.

La viscose : à éviter

Les fibres de viscose et d’acétate sont le résultat d’un procédé chimique assez polluant, fabriqué à partir de matière première végétale.

Le lyocell : à privilégier

Le procédé Lyocell produit une fibre cellulosique (à base de cellulose), biodégradable, qui utilise des solvants non-toxiques et recyclables. On trouve ces tissus sous plusieurs noms : Tencel® pour les fibres fabriquées à partir d’eucalyptus, le Modal® issu du bois de hêtre, et le Cupro® produit à partir de résidus de coton.

Les fibres artificielles synthétiques

Les fibres synthétiques sont fabriquées à partir de pétrole. Qui dit pétrole dit polluant, non-biodégradable, non-local, et difficilement recyclable. Alors oui, les tissus produits sont résistants et faciles d’entretien, mais leur fabrication a un fort impact environnemental et représente souvent un danger pour la santé des ouvriers qui les produisent.

De toutes les fibres dont on vous a parlé jusqu’à présent, ce sont celles que l’on vous recommande d’éviter le plus possible, même si, on en a bien conscience, elles représentent une majorité des tissus produits dans le monde.

Le polyester : à éviter


C’est difficile d’y échapper tant cette fibre est répandue. Au-delà de son procédé de fabrication polluant, c’est surtout l’entretien des pièces en polyester qui est polluant : les frottements engendrés par le lavage libèrent dans l’eau des microparticules de plastiques que l’on retrouve ensuite dans les océans.

L’acrylique / polyacrylique : à éviter

Ces matières sont produites à partir de nombreuses substances chimiques, dont certaines extrêmement toxiques pour les ouvriers qui les produisent.

Le nylon (polyamide) : à éviter

On retrouve ces matières en particulier dans les collants et les maillots de bain, ou les vêtements de sport et imperméables. Leur procédé de fabrication demande l’utilisation de composants toxiques et irritants.

Le PFC est surtout utilisé dans la confection des vêtements de sport et imperméables. C’est un composant toxique, soupçonné d’être un perturbateur endocrinien et cancérigène.

Auteur : Flora Canino

Sources :

Vêtements écologiques: quelles fibres textiles choisir ?, par l’info durable ; mars 2018

Textile écologique : guide des matières, par Planet Addict ; mars 2017

Les 10 avantages d’une garde-robe écologique, éthique & minimaliste, par échos verts ; janvier 2015

L’envers de mon look, rapport de l’ADEME ; 2018

Coton : l’envers de nos tee-shirts, par Cash investigations de France 2 ; novembre 2017

 

 

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